Cheikh Yérim, Aïssata Tall, le procès, la libération et la lettre de remerciements !

17 mars 2014

Cheikh Yérim, Aïssata Tall, le procès, la libération et la lettre de remerciements !

 
J’étais dans la salle, ou plutôt dans la foule, ce jour-là c’était le procès de Yérim Seck, contre la dame AissataTall, je n’étais pas là par hasard. Je vis la victime arriver. Je ne retiens de son habillement que la veste bleue bien coupée et sa belle allure, malgré sa petite taille, et sa silhouette frêle, menue, elle était petite, petite, trop petite ! Ma première pensée en la voyant fut « Yérim negg nga »! Je me demandais comment il a bien pu concevoir ce type de relations avec ce petit bout de femme ?
 
 
Cheikh Yérim, Aïssata Tall, le procès, la libération et la lettre de remerciements !

 
 
Aujourd’hui devant l’injustice qui se joue devant mes yeux, je me demande si j’ai le droit de ne pas parler de ce que j’ai vu, entendu, ressenti après avoir assisté au procès. Une injustice sans commune mesure est en train d’être commise sous nos yeux sans que nul ne lève le plus petit doigt. Mais quels sont donc ces hommes capables ainsi de sacrifier l’honneur d’une jeune femme, pour l’amitié d’un violeur qui qu’il soit ? La considération, l’affection et la compassion ne devaient-elles pas aller vers la victime ? Je suis assommée, révoltée, indignée et écœurée et inquiète en tant que femme sénégalaise, en tant que mère, en tant que citoyenne sénégalaise, soucieuse du respect de tous les citoyens sénégalais dans leur dignité, leur valeur inaliénable en tant qu’être humain, qui au-delà de ses parents, devrait pouvoir compter sur la société pour le défendre lorsque sa sa dignité est atteinte. Je suis malade de ce que la lettre de Yérim Seck vient de nous révéler à la face de la terre. Le visage hideux et nauséabond de notre pays, dont les élites sont aujourd’hui sans foi ni loi, méprisantes et iniques. Je remercie Yérim Seck, de nous avoir révélé la pourriture qui est la nôtre.
 
Dire que dans ce pays, nous avons une « première dame » qui a préféré voler au secours du violeur plutôt que de la victime. Celle-là même qui est le principal bourreau actuellement des femmes qui sont dans les couloirs du pouvoir. Cette « première dame »qui s’est distinguée par son absence de la scène en ce 8 mars, méprisant les femmes et leurs cérémonies en ce jour symbolique de la lutte pour l’émancipation de la femme : un coup de massue de plus pour nous femmes qui croyons à la solidarité féminine, à notre tendresse de femme, de mère…Cette jeune fille traînera toute sa vie les conséquences de ce viol dont elle a été victime.
 
Nous sommes toutes des femmes, nous savons combien il est difficile de se préserver dans la société sénégalaise actuelle, elle a réussi à le faire ! Etre vierge à 20 ans prouve toute sa détermination à ne pas décevoir ses parents. Quelle que soit la dangerosité du jeu auquel elle a accepté de se prêter « frotter », elle avait établi des limites et elles étaient à RES- PEC-TER. Il en fut autrement parce qu’un homme puissant trop puissant a jugé qu’il pouvait TOUT se permettre…Mes pensées et ma solidarité vont à la jeune compatriote Ndèye Aissata Tall, à sa famille, plus particulièrement sa maman et son papa le magistrat Boubou Tall. Je suis désolée… La République a préféré un vendeur de louanges ou d’insultes selon le cas, à un serviteur fidèle de la Nation. Yérim Seck nous révèle l’ampleur de la débandade des valeurs pour ne pas dire de la décomposition avancée de notre société plus particulièrement nos élites.
 
Qui parmi ces « ceux qui comptent » , a été s’enquérir de l’état de la victime et de ses parents ? Qui parmi eux aurait été saluer et prendre soin du violeur de sa fille, femme ou sœur ? De Macky Sall à Marième Faye, et tout le gotha dont il s’enorgueillit de la sollicitude, qui a envoyé à la jeune et brillante compatriote Ndèye Aissata Tall un mot de soutien sachant cette pauvre jeune fille portera les stigmates de l’acte ignoble dont elle a été victime toute sa vie ? Il n’y a plus de vertu au Sénégal, c’est juste déplorable. Le principe de la prison est de réhabiliter l’individu. En le soustrayant à la communauté, on protège celle-ci contre un dangereux prédateur, mais on protège le prédateur contre lui même. Normalement on n’en sort repenti, transformé en principe, mais bien souvent la réhabilitation échoue et c’est bien le cas de le dire. Le déni de sa responsabilité prouve bien qu’il n’a tiré aucune leçon de cette expérience. Il ne s’est pas amendé encore moins repenti. Jusqu’à hier, je le croyais sur cette voie, mais force est de constater qu’il en est bien en loin hélas .
 
Il est l’ami de tous ceux qui « comptent », de Baba Diaw et Abdoul Mbaye qui deviennent comme par magie ses frères utérins, Marième Faye et Macky Sall, marraine et parrain de ses enfants, par contre il ne mentionne nulle part dans sa fameuse lettre MERCI, ne serait-ce qu’une ligne, sa famille, ses enfants, ses femmes ou sa femme. Je ne l’ai pas entendu mentionner le nom de ses sœurs ni d’une personne qui ne soit une « personnalité ». Je me souviens que lors de son procès, j’ai vu des membres de sa famille effondrés. J’ai vu ses sœurs arpenter les couloirs du palais de justice de Dakar inlassablement pour sa cause. Ne méritaient-elles pas de figurer dans cette liste de remerciés de la République. Oui, il faut être célèbre pour mériter les remerciements de notre « Chouchou de la République ».
 
Je constate encore une fois cette incapacité de monsieur, à descendre de son nuage, qu’est qui a bien pu rendre cet homme aussi complexé et dénué de raison ? Tu remercies le gotha affairo-affairiste sénégalais dans son ensemble pour te distinguer et montrer ton panache, mais tu oublies de remercier ta maman, ton épouse, ta femme, tes enfants et mieux tu ne crois pas qu’il était plus opportun de leur demander pardon à la face du monde, pour leur avoir fait subir autant de mal. Je crois qu’il était beaucoup plus décent et opportun de présenter tes excuses à ton épouse pour lui avoir causé cette peine et cette honte, à tes enfants qui certainement n’ont pas manqué d’essuyer les railleries de leurs compagnons de classe ou d’école.
 
Je constate aussi que monsieur n’éprouve aucun remords, encore moins du respect pour sa victime. Il ne faut pas l’oublier, vous avez volé à cette jeune fille ce qu’elle avait de plus précieux : sa virginité. Elle ne vous l’a pas offert, vous lui avez arraché sa virginité. Alors de grâce, ayez la décence de ne pas la mépriser en jouant la victime. Vous ne l’êtes point et vous le savez. Vous êtes victime de vous-même. Le principe de la prison est que la société vous soustrait à son commerce pour vous permettre de vous réhabiliter, vous ne démontrez aucun signe de repentance. Pire vous êtes dans le déni. Je me demande ce que vous faites dehors. La seule victime, celle qui méritait la compassion et la solidarité de toute la Nation, c’est bien cette jeune dame à qui vous avez imposé consciemment d’aller au-delà des limites qu’elle vous avait fixées.
 
Françoise Hélène Gaye 
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Commentaires

bouba68
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une chose est sure, c'est que Cheik Yerim Seck a deçu plus d'un dans cette affaire!